BEES coop s’inscrit dans les mouvements de la transition, de l’agroécologie et de l’alimentation durable. Ce choix se reflète dans son offre qui met en avant les circuits courts, la saisonnalité, les filières biologiques, le commerce équitable, etc.
Mais quand on regarde les produits proposés et leurs prix de vente, on comprend que les valeurs de « durabilité » et de « solidarité » ne sont pas faciles à concilier…
Si vous étiez consulté.e, en tant que coopérateur.rice, sur l’approvisionnement, quels choix feriez-vous?
Question 1
Question 2
Question 3
VISITE DES RAYONS DE BEES COOP
La gamme de produits et les prix de vente sont déterminants à la fois pour la durabilité et pour l’accessibilité du projet… mais malheureusement pas dans le même sens. S’inscrire dans le courant de l’alimentation durable en étant soucieux de l’inclusion sociale relève un peu de la quadrature du cercle… Comme d’autres alternatives alimentaires, BEES coop vit des tensions entre ces deux valeurs qu’elle défend. Comment proposer des produits de qualité et garantir le juste prix aux producteur·trice·s en assurant l’accès économique aux habitant·e·s d’un quartier paupérisé ? Comment gérer la contradiction entre les préceptes de localité et de saisonnalité et la précieuse diversité culturelle alimentaire ? Etc.
Le groupe fondateur de BEES coop avait compris d’emblée l’importance de proposer des prix attractifs et une offre diversifiée pour concrétiser l’objectif d’inclusion. La coopérative a ainsi adopté des principes inspirés de son modèle de référence à New York :
– le travail bénévole obligatoire pour tous les membres ;
– l’absence de dividendes ;
– l’absence de dépenses marketing et publicitaires.
En réduisant significativement les charges financières, ces principes permettent l’application d’une marge unique et relativement basse (20%) sur les produits, ce qui garantit un bon rapport qualité/prix.
Ces principes innovants s’avèrent toutefois insuffisants pour permettre l’accessibilité économique du supermarché à de nombreux·ses habitant·e·s du quartier qui fréquentent principalement les enseignes de grande distribution et de hard discount. Les mécanismes de marge unique et de travail bénévole assurent un bon rapport qualité/prix mais ne réussissent pas à combler le fossé existant entre alimentation durable et accessibilité financière.
Après un an d’ouverture du supermarché, les observations sur le terrain montrent que seul·e·s ceux·celles qui ont l’habitude de s’approvisionner en produits labellisés et/ou dans des commerces spécialisés trouvent les prix de BEES coop à leur portée pour des achats réguliers.
L’obstacle du prix est renforcé par le fait que beaucoup n’en comprennent pas le sens. En effet, seule une minorité des habitant·e·s du quartier fait le lien entre sa consommation alimentaire quotidienne et les enjeux sociétaux liées aux filières agroalimentaires (juste prix aux producteur·trice·s, respect de l’environnement, etc.). Or, on ne comprend pas – et on n’accepte pas – la différence de prix entre un œuf de batterie et un œuf biologique si on n’a aucune idée des réalités de production qui se cachent derrière.
Si la question du prix est très importante, elle ne constitue pas le seul obstacle lié à l’offre du magasin. Celle-ci s’avère également en décalage avec les habitudes alimentaires de nombreux habitant·e·s, représentants d’une grande diversité culturelle et sociale.
Certain·ne·s n’y trouvent pas les ingrédients de leur cuisine traditionnelle, d’autres sont perdus face à des produits qu’ils ne connaissent pas ou qui ne correspondent pas à leurs besoins. Pour de nombreuses personnes, venir chez BEES coop, c’est aussi exotique que pour un·e Européen·ne entrer dans un magasin africain vendant du poisson séché et du manioc ou dans un supermarché asiatique rempli d’emballages illisibles.
Si BEES coop veut répondre davantage à la demande et aux habitudes alimentaires des habitant·e·s du quartier, la priorité, c’est de créer la rencontre pour mieux les connaître. Et pour cela, rien de tel qu’organiser des activités autour du thème de l’alimentation.
Jeux, ateliers cuisine, visites de potagers et de fermes, groupes de discussion, lecture des emballages, etc. : plus de septante activités de ce type ont été organisées dans le cadre de la recherche action participative Falcoop (voir la page Le projet Falcoop).
Ces activités s’avèrent riches à plusieurs égards. Elles amènent en effet :
- de la convivialité et du lien social ;
- de l’échange et la valorisation de savoirs et savoir-faire ;
- des questionnements et des apprentissages sur notre système alimentaire ;
- une meilleure connaissance de la diversité alimentaire bruxelloise et des besoins de chacun·e.
Grâce à cette meilleure connaissance des habitudes et des attentes alimentaires des habitant·e·s du quartier, des pistes de solution pour tenter de concilier davantage alimentation durable, accessibilité et inclusion ont été identifiées. Certaines ont déjà été mises en place et d’autres seront testées prochainement chez BEES coop.
Tout d’abord, l’offre du magasin s’étoffe peu à peu afin de mieux répondre à la grande diversité des consommateur·trice·s du quartier. Sont notamment ajoutés progressivement:
- des produits en vrac, qui font l’unanimité parce qu’ils combinent plusieurs avantages (choix des quantités, absence d’emballages et bon rapport qualité/prix);
- des produits meilleur marché, même s’ils offrent de moins hauts standards en matière de durabilité;
- des produits de base pour les cultures alimentaires les plus présentes dans le quartier (ex : semoule de blé, olives en vrac, menthe, coriandre, etc.).
Parallèlement, des outils de communication et d’animation ont été créés afin d’expliquer les enjeux du système alimentaire et la plus-value des produits proposés chez BEES coop.
Parallèlement, des outils de communication et d’animation ont été créés pour expliquer les enjeux du système alimentaire et la plus-value des produits proposés à BEES coop.
BEES coop envisage également de pérenniser les ateliers et activités autour de l’alimentation qui se sont avérés convaincants pour créer la rencontre entre le projet coopératif et le quartier. Les partenariats avec les associations locales se poursuivent, l’espace d’animation et la cuisine sont mis à leur disposition. Trois types d’activités prioritaires sont déjà ou devraient être organisés prochainement :
- des visites du magasin et des dégustations de produits;
- des ateliers sur la lecture des emballages afin que chacun·e puisse mieux comprendre les enjeux du système alimentaire et faire ses choix en conscience;
- des ateliers cuisine permettant à la fois la convivialité, la découverte de produits du magasin et l’échange de recettes et de savoir-faire.
Recettes du quartier :
Tartinades végétales
Sauce arachide
Cake aux lentilles
Les coopérateur·trice·s sont invité·e·s à prendre en charge l’organisation et l’animation de ces activités dans le cadre de leurs heures bénévoles. Trois supports ont été créés dans le cadre de la recherche action participative pour les accompagner :
- un tutoriel pour les visites du magasin
- un poster sur la comparaison des filières de production des oeufs
- un recueil de ressources pour l’organisation d’activités et animations sur l’alimentation
Pour conclure sur l’offre, les résultats de notre recherche action participative ont clairement montré que l’accessibilité et l’inclusion nécessitaient :
– d’une part, de connaître (et se fonder sur) les habitudes et besoins des mangeur·euse·s à qui cette offre est destinée ;
– d’autre part, de diffuser et partager des connaissances sur les mécanismes et les enjeux du système agroalimentaire.
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Pour aller plus loin…Voir aussi la page « Ressources » |